La vitesse cachée
brou Judith
brou Judith
| 07-11-2025
Équipe de véhicule · Équipe de véhicule
La vitesse cachée
Lorsqu’on conduit, tout le monde fait attention à la vitesse, surtout avec le nombre croissant de zones à limitation. Une simple inattention peut vite se traduire par une amende. Pourtant, une question taraude souvent les esprits : s’il n’y avait aucune limite, quelle vitesse pourrait vraiment atteindre une voiture ?
En regardant le compteur, on voit parfois des chiffres élevés : 240, 280, voire 330 km/h. Mais cela signifie-t-il réellement que la voiture peut atteindre ces pointes ?
Pourquoi certaines voitures, comme les Formule 1, filent-elles à plus de 300 km/h, tandis que d’autres, comme les gros camions, peinent à dépasser les 100 km/h ? Plongeons dans les mystères de la vitesse automobile.
Tout d’abord, définissons ce qu’est la vitesse. En physique, c’est la distance parcourue par un objet en une unité de temps. Mais cette définition est incomplète : la vitesse est une grandeur vectorielle, elle possède une direction et une intensité. Ce qui nous intéresse ici, c’est la vitesse instantanée — celle affichée sur le tableau de bord —, la seule qui compte au quotidien.
Alors, comment mesure-t-on la vitesse d’une voiture ? Sur les anciens modèles, un capteur de vitesse situé sur l’arbre de sortie de la boîte de vitesses mesurait sa rotation. En tenant compte du rapport de réduction principal et du rayon des roues, la vitesse était calculée puis affichée. Cette méthode est encore utilisée sur de nombreux camions.
Dans la plupart des voitures modernes, ce sont désormais des capteurs de vitesse aux roues (intégrés au système ABS) qui détectent la rotation des pneus. Ces signaux sont envoyés à l’ordinateur de bord, qui, grâce à des programmes prédéfinis, calcule et affiche la vitesse sur le compteur.
Bien sûr, cette valeur comporte une marge d’erreur. Généralement, la vitesse indiquée est légèrement supérieure à la vitesse réelle. Selon la norme chinoise « Compteurs de vitesse pour véhicules automobiles » (GB15082-2008), la vitesse affichée ne doit jamais être inférieure à la vitesse réelle. Elle doit toujours rester dans une fourchette sécuritaire.
Mais alors, quelle est la vitesse maximale d’une voiture ? Certains passionnés font des calculs précis en fonction des paramètres techniques. Par exemple, avec un régime moteur max de 5 000 tr/min, un rapport de boîte en 6ᵉ de 1, un rapport de pont de 4 et un rayon de roue de 0,4 mètre, on obtient théoriquement 188 km/h. Pourtant, la voiture n’atteint peut-être que 120 km/h. Pourquoi ?
Tout simplement parce qu’en roulant vite, la voiture subit plusieurs résistances : roulage, accélération, pente et surtout… la résistance de l’air. La vitesse maximale est atteinte lorsque la puissance moteur est au maximum et que la force motrice équilibre exactement ces résistances.
La vitesse de pointe dépend donc principalement de trois facteurs :

1. Puissance maximale du moteur :

C’est l’élément décisif. On dit souvent : « Le couple donne l’accélération, la puissance donne la vitesse ». Si la puissance est faible par rapport au poids du véhicule, la vitesse de pointe sera limitée. Ce n’est qu’à pleine puissance, et en vitesse stabilisée, que la voiture atteint son maximum.

2. Résistance aérodynamique :

Parmi toutes les résistances, l’air devient dominant à haute vitesse. Dès 120 km/h, il représente environ 80 % de la résistance totale. Au-delà de 180 km/h, il absorbe quasiment 100 % de l’effort. Moins la carrosserie offre de traînée (coefficient Cx bas), plus la voiture peut aller vite. L’aérodynamisme joue donc un rôle clé.

3. Rapport total de transmission :

Le système de transmission lie le régime moteur à la vitesse des roues. Un rapport élevé limite la vitesse finale, même avec un moteur puissant — c’est le cas des tracteurs. À l’inverse, les voitures particulières ont des rapports plus courts, permettant des vitesses de roue plus élevées. C’est pourquoi les camions, malgré leur forte puissance, restent lents.
La vitesse cachée
La vitesse maximale est donc un indicateur de performance, dicté avant tout par la puissance moteur. Mais une grande puissance ne garantit pas forcément une grande vitesse : elle doit aussi vaincre la résistance de l’air et s’adapter au rapport de transmission. La vitesse de pointe correspond à l’équilibre entre puissance disponible et forces contraires.
En théorie, certains véhicules pourraient aller bien plus vite. Mais les constructeurs ajustent cette vitesse selon plusieurs critères : sécurité, consommation, usure, stabilité. La vitesse affichée sur le compteur reste souvent indicative — un rêve technologique encadré par la réalité.