La méthode hollandaise
kouassi Esther
kouassi Esther
| 30-10-2025
Équipe de véhicule · Équipe de véhicule
La méthode hollandaise
Avec l’avancée continue de l’urbanisation, les villes modernes ont connu des transformations profondes, notamment dans le domaine des transports. La diversification des modes de déplacement a apporté un grand confort, permettant des trajets plus rapides et plus efficaces.
Pourtant, ce progrès s’accompagne aussi de nouveaux risques pour la sécurité, dont l’un devient de plus en plus préoccupant : un type particulier d’accident de la route appelé « homicide par ouverture de porte », ou « dooring ».
Ces dernières années, ces accidents sont devenus fréquents, suscitant une vive attention et de nombreux débats. Ce phénomène survient lorsqu’un conducteur ou un passager ouvre brusquement la portière d’un véhicule sans vérifier au préalable la présence de véhicules, piétons ou cyclistes à proximité.
Les personnes circulant derrière — en particulier les cyclistes et les motards — n’ont alors souvent pas le temps d’éviter la porte qui s’ouvre soudainement, ce qui provoque des chutes graves, voire mortelles.
Pire encore, pour éviter la porte, un cycliste peut être contraint de braquer brusquement vers la gauche, se retrouvant alors sur la trajectoire d’autres véhicules en mouvement. Ces accidents secondaires peuvent entraîner des conséquences encore plus dramatiques.
Ces incidents mettent non seulement en danger la vie des victimes, mais exposent aussi le conducteur ou le passager à des sanctions juridiques. Le « homicide par ouverture de porte » est donc devenu une menace invisible, mais potentiellement mortelle, pour la sécurité routière urbaine.
Ce type d’accident est particulièrement fréquent en milieu urbain, surtout sur les rues passantes ou là où les places de stationnement sont situées juste à côté des pistes cyclables. Les statistiques d’accidents de plusieurs villes du monde, notamment celles où le vélo est très utilisé, montrent que ces collisions sont monnaie courante.
Face à cela, le sujet suscite de plus en plus d’attention publique, poussant à exiger des mesures de sécurité renforcées et des campagnes de sensibilisation.
Pourtant, aux Pays-Bas, malgré le nombre élevé de cyclistes dans les villes, ces accidents sont rares. La raison ? Une pratique simple mais extrêmement efficace appelée le « Dutch reach », ou « méthode hollandaise d’ouverture de porte ».
Cette technique repose sur un changement fondamental de la manière dont on ouvre une portière, réduisant ainsi fortement les risques d’accident grâce à une meilleure prise de conscience de l’environnement immédiat.
La méthode consiste à utiliser la main opposée à la portière pour l’ouvrir. Par exemple, dans un véhicule à conduite à gauche, le conducteur doit utiliser sa main droite ; dans un véhicule à droite, il doit utiliser sa main gauche.
Ce petit changement, anodin en apparence, a un impact majeur sur la sécurité. En utilisant la main opposée, le corps est naturellement tourné vers l’extérieur du véhicule, ce qui oblige automatiquement à jeter un œil derrière soi. Ce mouvement d’épaule et de tête permet de vérifier la présence d’un cycliste, d’un piéton ou d’un autre véhicule avant d’ouvrir complètement la porte.
Le « Dutch reach » est devenu un réflexe bien ancré chez les conducteurs et passagers néerlandais. Résultat : le taux d’accidents liés à l’ouverture de porte y est exceptionnellement bas.
Cette mesure de sécurité simple, mais redoutablement efficace, s’est avérée être l’un des meilleurs moyens de prévenir les accidents mortels et de protéger à la fois cyclistes et automobilistes.
Malgré son succès aux Pays-Bas, cette méthode reste méconnue dans de nombreux autres pays. Beaucoup de conducteurs ouvrent encore leur portière machinalement avec la main la plus proche, sans aucune vigilance.
Pour ceux qui ne sont pas habitués, le « Dutch reach » peut sembler maladroit au début. Mais avec un peu de pratique, il devient vite naturel. Avec le temps, ce geste s’intègre à la routine quotidienne et devient un réflexe de sécurité automatique, réduisant considérablement les risques.
Pour encourager son adoption, il est essentiel de sensibiliser le public à ses bienfaits. Cela nécessite une mobilisation collective : pouvoirs publics, organismes de sécurité routière et écoles de conduite doivent s’impliquer.
Les services de prévention routière devraient jouer un rôle clé en promouvant cette technique via des campagnes médiatiques, des spots d’information et des programmes éducatifs. Un message clair et cohérent est indispensable pour généraliser cette pratique.
La méthode hollandaise
Prévenir les accidents par ouverture de porte, c’est d’abord changer nos habitudes et notre niveau de vigilance. Même si le « Dutch reach » vous semble étrange aujourd’hui, retenez qu’il s’agit d’un geste simple, efficace et facile à apprendre — capable de sauver des vies.
En intégrant cette méthode à notre routine quotidienne, nous pouvons tous contribuer à réduire ces drames évitables et à rendre nos rues plus sûres. Alors, engageons-nous dès maintenant à utiliser le « Dutch reach » — et encourageons autour de nous à faire de même. Ensemble, créons une culture du déplacement plus prudent, plus responsable, et plus humaine.