Vrai ou faux ?
koffi salomon
koffi salomon
| 16-10-2025
Équipe alimentaire · Équipe alimentaire
Vrai ou faux ?
La première fois que j’ai goûté un burger végétal, j’ai dû vérifier l’étiquette deux fois. Il grésillait comme du vrai, « saignait » comme du vrai, et pour tout dire, il a même trompé mon ami carnivore. « C’est plus sain, non ? » m’a-t-il demandé en croquant une nouvelle bouchée. Je n’en étais pas si sûr… mais j’ai hoché la tête quand même.
C’était il y a trois ans. Aujourd’hui, les produits d’Impossible Foods, de Beyond Meat et d’autres envahissent les chaînes de fast-food comme les allées de surgelés. Ils ont conquis le grand public. Mais quelque part en chemin, une nouvelle question s’est glissée — pas « Est-ce que ça a le goût de la viande ? », mais plutôt « Est-ce que c’est vraiment bon pour moi ? »

De quoi sont faits les substituts de viande ?

Commençons par le début. Ces burgers ne sont pas simplement des légumes mixés en forme de steak. La plupart des alternatives végétales sont des produits hautement transformés, composés d’ingrédients comme :
• Protéines isolées de soja ou de pois
• Huiles raffinées de coco ou de tournesol
• Méthylcellulose (un agent liant aussi utilisé dans les laxatifs)
• Arômes naturels, extraits de levure et autres exhausteurs de goût
Rien de dramatique en soi. La science alimentaire a fait des progrès considérables, permettant à ces entreprises de reproduire texture, saveur et moelleux de la viande sans recourir aux animaux. Mais cela signifie aussi que ces produits sont ultra-transformés — au même titre que les sodas ou les snacks industriels. Et voilà le hic : être végétal ne veut pas automatiquement dire « nourrissant ».
Vrai ou faux ?

Le problème nutritionnel dont on ne parle pas

Beaucoup de gens choisissent la viande végétale en pensant faire un « choix plus sain ». Mais regardons ce que cela signifie réellement.
1. Teneur en sodium : De nombreux burgers végétaux contiennent entre 300 et 500 mg de sodium par steak. Soit jusqu’à 20 % de l’apport quotidien recommandé — avant même d’y ajouter la sauce ou le pain.
2. Teneur en protéines : La bonne nouvelle ? Ces produits rivalisent souvent avec la viande, offrant 18 à 20 grammes de protéines par portion. Le revers ? Cette protéine provient d’isolats, pas d’aliments entiers, ce qui peut influencer son assimilation par l’organisme.
3. Additifs et huiles : Pour imiter le gras animal, les fabricants ajoutent souvent des huiles raffinées, augmentant ainsi la teneur en graisses saturées. Certains produits atteignent même des niveaux comparables à la viande qu’ils prétendent remplacer.
4. Fibres et micronutriments : À moins d’être enrichis, ces substituts manquent souvent de nutriments essentiels présents dans une alimentation variée — comme le fer hémique (le plus biodisponible), la vitamine B12 ou le zinc.
En résumé, si vous optez pour ces produits pour des raisons de santé, mieux vaut regarder au-delà de l’icône « plant-based » sur l’emballage.

Mais est-ce meilleur pour la planète ?

Oui, absolument. D’un point de vue environnemental, la viande végétale est une avancée majeure.
Une étude publiée en 2022 dans Nature Food montre que sa production consomme jusqu’à 90 % moins de terres et d’eau, et émet 30 à 90 % moins de gaz à effet de serre que l’élevage traditionnel. Un chiffre énorme, surtout quand on sait que le secteur alimentaire représente plus d’un quart des émissions mondiales.
Si votre objectif est de réduire votre empreinte carbone ou de soutenir une agriculture plus durable, ces produits peuvent jouer un rôle clé.
Mais attention : manger des aliments végétaux entiers — comme les légumineuses, les céréales complètes ou les légumes — reste encore plus bénéfique pour la planète. Les steaks végétaux sont donc un bon pas en avant… mais pas la ligne d’arrivée.

Alors, qu’est-ce qu’on devrait manger ?

Si tu te sens coincé entre tes convictions et tes objectifs de santé, tu n’es pas seul. Voici une approche plus équilibrée.
1. Utilise la viande végétale comme tremplin : Si tu réduis ta consommation de viande animale, ces alternatives peuvent t’aider à franchir le pas. Elles calment les envies sans bouleverser ton mode de vie.
2. Ne fais pas d’elle un aliment quotidien : Considère-la comme un plaisir occasionnel, à l’instar d’un dessert — agréable, ponctuel, et toujours meilleur accompagné d’aliments réels comme des légumes grillés ou des céréales complètes.
3. Pense à l’assiette complète : Un burger végétal servi dans un pain blanc industriel avec des frites ne devient pas sain par magie. Équilibre-le avec des fibres, des couleurs et des textures naturelles.
4. Ose au-delà du steak : Les soupes de lentilles, les woks de tofu ou les wraps aux pois chiches offrent protéines, fibres et saveurs sans passer par des usines chimiques.
5. Lis vraiment l’étiquette : Si tu ne reconnais pas la moitié des ingrédients, c’est un signal. Privilégie les versions plus simples, avec moins d’additifs et des huiles de meilleure qualité (comme l’huile d’avocat ou d’olive).

Du buzz à une habitude durable

Il est facile de se laisser emporter par une tendance qui semble tout résoudre — notre santé, nos valeurs, notre impact écologique. Mais comme souvent en matière d’alimentation, la vérité se situe entre deux extrêmes.
La viande végétale n’est pas un miracle. C’est une alternative intelligente, basée sur la science, qui a sa place — surtout si tu viens d’un régime très carné. Mais en faire ta principale source de nutrition, ou croire qu’elle est saine par défaut ? C’est tomber dans le piège de l’emballage au détriment du fond.
Vrai ou faux ?
Si tu remplis ton congélateur de steaks factices en pensant faire le meilleur choix possible, peut-être est-il temps de prendre du recul. Pose-toi une autre question : pas « Est-ce végétal ? », mais « Est-ce que cela nourrit vraiment mon corps et préserve la planète comme je le souhaite ? »
La prochaine fois que tu seras devant les rayons du supermarché, regarde deux fois. Parfois, les changements les plus puissants ne passent pas par l’imitation… mais par redécouvrir le plaisir des vrais aliments, simples et oubliés.